
En France, l'hôtellerie restauration représente 6% de l’emploi total, soit environ 1,3 million de personnes.
Ce secteur, vital pour l'économie française, est aussi un des plus dynamiques, mais il fait face à des défis majeurs en matière de recrutement. Les résultats du BMO 2024 mettent en lumière une réalité alarmante pour les restaurateurs et hôteliers, avec 385 370 projets de recrutement cette année, dont 59% jugés difficiles à pourvoir.
Un secteur vital mais sous tension
Avec près de 60% des recrutements difficiles, les restaurateurs et hôteliers peinent à recruter et à fidéliser leurs équipes. Les causes sont multiples : pénurie de main-d’œuvre qualifiée, forte saisonnalité, et conditions de travail souvent perçues comme difficiles.
Les postes les plus demandés sont :
- Serveurs et barmans : Ces métiers représentent une part importante des recrutements, en particulier dans les grandes villes et zones touristiques. L'effervescence des services, la gestion de la relation client, et la flexibilité exigée en font des métiers très sollicités, mais souvent marqués par un turnover élevé.
- Aides de cuisine et employés polyvalents : En cuisine, ces postes sont essentiels pour assurer un service fluide, que ce soit dans des établissements de restauration rapide ou traditionnelle. Pourtant, ces métiers sont souvent dévalorisés et peinent à attirer des talents durables.
Focus sur les métiers en tension : Pourquoi est-ce si compliqué ?
Certains postes, pourtant clés pour le bon fonctionnement des établissements, sont particulièrement difficiles à pourvoir. Le BMO 2024 met en avant deux métiers emblématiques : les cuisiniers et les réceptionnistes.
1. Cuisiniers : Un métier sous pression
Les cuisiniers sont au cœur de toute activité de restauration, mais le métier est devenu de plus en plus exigeant. Les services intenses, la créativité nécessaire pour suivre les tendances culinaires, ainsi que les longues heures de travail, souvent avec des horaires coupés, créent une pression qui décourage les nouvelles générations. De plus, la demande pour des cuisiniers qualifiés, capables d'allier innovation et rigueur, est en constante augmentation, notamment dans les établissements de taille moyenne. Résultat : de nombreux restaurants se retrouvent à court de talents ou contraints de former des équipes non qualifiées.
2. Réceptionnistes : Une polyvalence mal récompensée
Le métier de réceptionniste, crucial pour les hôtels, requiert des compétences techniques (gestion de logiciels de réservation, bornes numériques) et relationnelles (accueil personnalisé des clients). Ces compétences polyvalentes sont difficiles à trouver. Les horaires décalés, les attentes de plus en plus élevées des clients, et les faibles perspectives d'évolution font que ce métier souffre d’un manque de personnel qualifié. Beaucoup d'hôteliers peinent à fidéliser ces profils, particulièrement dans les zones urbaines où la concurrence est forte.
La saisonnalité : Un défi structurel
Un autre obstacle majeur pour le recrutement est la saisonnalité. Dans des régions comme la Nouvelle Aquitaine ou la Provence-Alpes-Côte d’Azur, plus de 66% des emplois sont saisonniers. Cela complique la stabilité des équipes et pousse les employeurs à recruter massivement en très peu de temps, souvent pour de courtes durées. Ces contrats courts, bien que cruciaux pour répondre à l’afflux touristique, n’offrent pas la sécurité ou les avantages nécessaires pour attirer des talents à long terme.
Quelques chiffres :
- En Nouvelle Aquitaine, 66,7% des projets de recrutement sont saisonniers.
- En Provence-Alpes-Côte d’Azur, cette proportion monte à 67,2%, particulièrement dans les établissements balnéaires.
Les intentions d’embauche en baisse en 2024
Après une année 2023 marquée par une forte reprise post pandémique, les intentions d’embauche en 2024 sont en baisse de 8,5%. Cette diminution frappe surtout les petites entreprises : 70% des projets de recrutement concernent des établissements de moins de 50 salariés, qui sont les plus vulnérables face aux difficultés de recrutement. La gestion de la charge de travail devient alors un véritable casse-tête, impactant la qualité du service et l’expérience client.
Le constat : Une profession sous pression, des solutions encore à construire
L’hôtellerie restauration est confrontée à une véritable crise de l’emploi. La forte demande de profils qualifiés, combinée à la saisonnalité et à des conditions de travail souvent jugées difficiles, crée un cercle vicieux où les employeurs peinent à attirer et fidéliser des talents. Malgré des opportunités pour les candidats, le secteur souffre d’un manque d’attractivité, notamment pour les jeunes générations.
Les résultats du BMO 2024 montrent bien que ce sont les métiers de l'hôtellerie restauration qui font partie des plus sensibles à ces problématiques de recrutement, avec des difficultés qui ne devraient pas s’atténuer sans une refonte en profondeur des pratiques d’emploi et des conditions de travail dans le secteur.
En conclusion, l'hôtellerie restauration, un secteur vital pour l'économie française, traverse une crise profonde en termes de recrutement. Avec des postes sensibles comme cuisiniers et réceptionnistes en tension permanente, il est essentiel de repenser les stratégies de recrutement et de fidélisation pour répondre à la demande croissante tout en améliorant les conditions de travail pour les employés. Le secteur, bien qu'en mutation, devra s'adapter pour rester compétitif et répondre aux attentes d’une nouvelle génération de professionnels.

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